En sports mécaniques en général et en rallye en particulier, il est de coutume de dire qu’un rallye se gagne lors de la préparation et ne peut que se perdre en course…Les préparatifs en vue d’une épreuve comme le 52ème Tour Auto – Rallye de La Réunion – NTR – BMW – Région Réunion ont démarré depuis plusieurs semaines pour la plupart des équipages. L’acheminement à la Réunion des pièces spécifiques commandées en Europe prend du temps et après une année d’interruption, tous les préparateurs et teams sportifs ont mis en oeuvre le lent réveil des bolides.
Parmi tous les concurrents engagés en rallye, il est fréquent de rencontrer des pilotes préparateurs et à tout le moins garagistes. Parmi tous ces pratiquants, nous avons choisi de faire un point d’étape avec le plus connu d’entre tous, le garagiste de Bérive, surnommé Piment Martin Johny Picard.
Pilote du team BSA (Bérive Sport Auto), Johny a constitué son équipe au fil du temps et de ses nombreuses saisons passées derrière un volant. C’est aujourd’hui Eric Chevallier qui fait office de team manager pour la structure sudiste. «Nous sommes environ une vingtaine de personnes à intervenir lors d’une épreuve,» expliquait le boss du team. «non seulement il y a une partie de l’équipe déléguée à l’aspect purement technique lors de l’épreuve, mais il y a également l’aspect logistique pour les repas, les observateurs situés en spéciale etc…»
De fait une assistance de rallye ne se résume pas à la réparation, les réglages et l’entretien courant de la voiture lors de l’épreuve, il y a une multitude d’intervenants à divers postes. «Rien que le fait d’alimenter en repas et boissons le team complet demande une sacrée organisation. Afin d’apporter les meilleures informations sportives à l’équipage, nous disposons également d’un tandem d’ouvreurs qui passe avant la fermeture de route pour apporter les ultimes informations en ce qui concerne l’état des routes. Dans chaque spéciale, on essaie d’avoir deux personnes sur le tracé pour nous informer de l’évolution de la météo…» détaillait Eric.
Mis bout à bout, tous ces besoins en moyens humains viennent alourdir l’engagement du team. Heureusement cette passion se transmet au fil des générations pour nombre d’intervenants, ainsi «Maxime, le fils de Bertrand Picard sera présent à nos côtés pendant ses vacances. Comme d’autres enfants des membres historiques du team, les plus jeunes ont commencé par le nettoyage des vitres puis se sont vu confié des tâches plus techniques au fur et à mesure.»
Plus qu’un groupe de copains, le team BSA vit davantage comme une famille, une grande famille: «on ne se voit pas qu’à l’approche des rallyes,» expliquait le team manager. «On essaie de tous se retrouver au moins une fois par mois. C’est d’autant plus facile qu’on habite tous quasiment dans le même quartier et en tous cas dans la même micro-région dans le Sud.»
Concernant la préparation à proprement parlé, l’équation est simplifiée pour le team BSA. «Notre pilote Johny Picard est garagiste au civil et est également le préparateur de la voiture. Seuls lui et Harry Payet interviennent en amont pour préparer la voiture.»
Avec l’achat de la Subaru engagée en R4 dont dispose aujourd’hui le team, les choses semblent se simplifier. «Cette voiture vient d’Autriche et a été construite par Stohl en 2012. Elle n’a pas roulé depuis 2016. Immédiatement après l’achat, elle est partie directement en Finlande pour une révision complète moteur et trains roulants. Les baquets, harnais, extincteurs ont également été changés pour répondre aux normes. Montée initialement en groupe R, nous l’avons équipé d’une boite séquentielle désormais autorisée dans ce groupe.» précisait Eric.
C’est donc une voiture neuve qui est arrivée à la Réunion en Mars 2021.
Désormais équipée d’un moteur tout neuf, la belle austro-japonaise désormais réunionnaise souffle ses 298cv et 530Nm selon les données récoltées. «Depuis son arrivée, nous avons effectué quatre séances d’essais essentiellement pour déverminage et adaptation aux demandes de Johny,» expliquait le boss. «Ce sont environ 80km d’essais qui ont été parcourus. Nous avons l’avantage de disposer de toute la structure d’assistance: véhicules, outillage, logistique…»
Cette fois encore, le team péi pourra compter sur la présence d’Asko, l’ingé finlandais, véritable sorcier des Subaru qui a en charge l’exploitation course de la belle et qui s’est occupé de sa mise à jour suite à son acquisition avant son arrivée sous nos latitudes.
Après cette double décade autour de Johny Picard et ses deux titres de Champion de la Réunion, que peut espérer le team désormais? «Je dirais la même chose que Johny. Nous savons tous que son rêve le plus secret est de pouvoir un jour évoluer à bord d’une WRC. Mais pour une pige hein!,» précisait Eric en explosant de rire. «Je pense que cette Subaru est la dernière voiture dont nous ferons l’acquisition. Johny est encore vert, mais relancer une aventure aussi énorme pour rentrer une autre voiture et surtout une WRC ne serait pas raisonnable. Tout ce qu’on peut souhaiter c’est que Johny puisse un jour rouler à bord d’une WRC, nous serons alors tous là...»
Sans l’évoquer, on comprend que le team aimerait à cette occasion, ne plus être l’assistance en charge mais pouvoir être spectateurs du rêve de Johny. Ne pas être toujours acteur est somme toute parfois reposant…
Dernier détail qui n’en est pas un concernant la vie de ce team: «Dimanche soir à l’arrivée en attendant de récupérer la voiture après le parc fermé d’arrivée, ce sera carry poulet! Pas en barquette hein, un vrai de vrai concocté par le team… » concluait le team manager. Il est de ces traditions qui forcent le respect…
Ce 52ème Tour Auto – Rallye de La Réunion – NTR – BMW – Région Réunion organisé par l’ASARéunion aura une charge émotionnelle particulière pour le team BSA. «Nous avons perdu l’un de nos membres récemment, ancien navigateur de Johny et qui était passé dans le baquet de gauche. Frédéric Ferrère sera présent dans nos esprits le week end prochain. Il reste dans nos souvenirs et ce rallye lui est évidemment dédié.»